Depuis la série de 5 articles du Lancet en 2014, le constat est clair et ancien : une partie importante de la recherche clinique ne sert à rien. Ancien car en 1994, Doug Altman décrivait ce scandale, et des estimations de 85 % de gaspillage en recherche clinique ont été raisonnables. Les preuves sont fortes ! Un article du JAMA Network Open de septembre 2021 vient nous le rappeler à propos de l’exemple des essais cliniques randomisés (ECRs) dans le cadre du cancer gastrique. Voici le message :
Cet article est de grande qualité, et tout est bien décrit sur la méthode. Il faut chercher dans les résultats pour bien comprendre… et il y a énormément de données. Lesquelles retenir ?
- Ce sont des ECTs de phase 3 ou 4 enregistrés dans ClinicalTrials.gov entre janvier 2000 et décembre 2019 ;
- Le gaspillage (research waste) a été défini comme ‘unpublished data, inadequate reporting, ou avoidable design flaws‘. Tout est précis dans l’article : double lecture anonyme sans les auteurs, utilisation de CONSORT, définition des critères de jugement, etc..
- 262 ECRs on été inclus (25 pour 2000-2004, à 97 pour 2015-2019), et 125 terminés après 2016 sans publication ont été exclus ; analyse de 137 ECRs dont 59 % ont été publiés ;
- 87 % (119) avaient au moins un critère de gaspillage !
- les ECRs utilisant l’aveugle, de plus de 200 participants, et avec des financements externes avaient moins de gaspillage ;
- sur un plus petit échantillon, 49 % (35) ont été utilisés pour des recommandations, et 22 % (18) ont eu des données réutilisées.
Risque majeur d’évanouissement si vous lisez les 14 pages de cet excellent article… Faut-il interdire aux cliniciens de faire de la recherche ? Impossible…