Cherchez l’erreur :
en 2022, le nombre d’articles a été supérieur de 47 % par rapport à 2016,
alors que le nombre de chercheurs est pratiquement stable.
La donnée ci-dessus est basée sur les articles des journaux de 2016 à 2022 de ces groupes : BMC, Elsevier, Frontiers, Hindawi, MDPI, Nature, PLOS, Springer, Taylor & Francis, Wiley. Cette croissance de 47 % correspond au nombre d’articles indexés dans cette période dans Web of Science et Scopus.
C’est un preprint bien documenté de collègues qui pourraient recevoir un courrier de certains éditeurs de faible qualité. Quatre chercheurs ont déposé le 27 septembre sur arXiv un beau manuscrit très détaillé : The strain on scientific publishing. Le troisième auteur, Paolo Crosetto, travaille à Grenoble. Une courte synthèse a été publiée sur le blog Predatory Reports, avec ce titre que j’ai partiellement repris : The miracle of special issues. Je suis inquiet car tout se publie avec un peer review rapide. Le temps entre la soumission et l’acceptation varie de 37 jours (MDPI) à 198 jours (PLOS).
Nos collègues compétents, parfois présidents de CNU, souvent membres de Commissions Médicales d’Etablissements, aiment publier vite sans être ennuyés par des relecteurs tatillons. Ils choisissent de délaisser les revues de Sociétés savantes pour payer des numéros spéciaux qu’ils croient contrôler en payant.
Les numéros spéciaux sont la stratégie d’éditeurs légitimes comme le font les éditeurs de faible qualité… Ce ne sont pas que MDPI, Frontiers, Hindawi qui sont reponsables… Elsevier, Springer, et autres ont dû s’adapter pour rester dans le jeu ! PLOS va moins bien… Regardez les images de ce preprint comparant le nombre des articles au nombre de PhD…. Cela ne va pas !! les autres images de l’article ont des messages clairs… à garder ! Nous sommes peu nombreux à lutter, à l’image de ce sumo qui avance….
Il n’y a pas d’informations sur la décrue éventuelle des articles dans des revues régulières légitimes, notamment les revues de sociétés savantes. Augmenter de 47 % pour les articles de numéros spéciaux se fait obligatoirement aux dépends d’autres revues.
La lecture devrait vous inquiéter car les dérives sont évidentes
Voici une traduction en français du résumé : Les scientifiques sont de plus en plus submergés par le volume d’articles publiés. Le nombre total d’articles indexés dans Scopus et Web of Science a augmenté de manière exponentielle ces dernières années ; en 2022, le nombre total d’articles était supérieur de 47 % à celui de 2016, ce qui a dépassé la croissance limitée, voire inexistante, du nombre de scientifiques en exercice. Ainsi, la charge de travail de publication par scientifique (rédaction, révision, édition) a augmenté de manière spectaculaire. Nous définissons ce problème comme la pression exercée sur l’édition scientifique. Pour analyser cette pression, nous présentons cinq mesures basées sur des données montrant la croissance des éditeurs, les temps de traitement et les comportements en matière de citations. Nous tirons ces données d’analyses de sites web, de demandes de données auprès des éditeurs et de documents librement accessibles sur les sites web des éditeurs. Nos conclusions sont basées sur des millions d’articles produits par les principaux éditeurs universitaires. Nous constatons que certains groupes ont augmenté de manière disproportionnée le nombre d’articles publiés par an, contribuant ainsi à cette pression. Certains éditeurs ont permis cette croissance en adoptant une stratégie d’hébergement de numéros spéciaux, qui publient des articles dans des délais réduits. Étant donné les pressions exercées sur les chercheurs pour qu’ils publient ou périssent afin d’être compétitifs pour les demandes de financement, cette pression a probablement été amplifiée par ces offres de publication d’un plus grand nombre d’articles. Nous avons également observé une inflation généralisée des facteurs d’impact des revues d’une année sur l’autre qui coïncide avec cette pression, ce qui risque de brouiller les signaux de qualité. Une telle croissance exponentielle ne peut être soutenue. Les paramètres que nous définissons ici devraient permettre à cette conversation évolutive d’aboutir à des solutions concrètes pour faire face à la pression qui pèse sur l’édition scientifique.
PS : je suis ‘gentiment agressé’ par des collègues qui probablement défendent ce modèle de numéros spéciaux… J’ai le droit de penser que président de CNU et rédacteur en chef d’une revue de faible qualité est un lien d’intérêt, et un message pour les candidats. Ces présidents sont compétents, ont de bonnes publications….
Un commentaire
Merci pour avoir repris notre travail.
Juste deux notes :
– mon non est Paolo Crosetto, pourriez vous corriger en haut dans votre article ? Merci.
– la croissance des publications ne vient que des numéros spéciaux, mais aussi par la multiplication de petites revues éditées par Elsevier et les autres éditeurs traditionnels.
À disposition pour en discuter davantage si vous le souhaitez.