Rendons hommage à Guillaume Cabanac et Alexander Magazinov qui ont signalé 1 852 articles problématiques grâce au Problematic Paper Screener. Cet outil signale quotidiennement des articles suspects, notamment ayant des phrases torturées. Ce sont souvent des indices de l’utilisation de l’IA générative sans le mentionner, ainsi que des manipulations du peer-review. Le billet de Retraction Watch (RW) du 22 août 2024 est très détaillé sur ce cas.
La revue concernée (ESPR) pose problème
Environmental Science and Pollution Research est une revue publiée par Springer et le rédacteur en chef est bordelais. Je ne connais pas cette revue hybride, mais elle surprend, non seulement par la perte de son facteur d’impact, mais par ses pratiques.
ESPR is the official organ of the EuChemS Division of Chemistry and the Environment (EuChemS DCE). La mission est : aims to promote and support the cooperation on chemistry and its scientific relation to all environmental aspects between the European chemical societies and their members.
Le rédacteur en chef est Philippe Garrigues, PhD, Institut des Sciences Moléculaires, University of Bordeaux, France. Il est assisté de deux ‘Editorial assistants’ basées à Bordeaux. La revue semble donc gérée à Bordeaux. Le comité de rédaction est international, pléthorique, avec une présence de chercheurs français. Les CV des rédacteurs semblent excellents. Entre la soumission et la première décision, il y a 26 jours. Donc le peer review est rapide.
Notons en regardant la revue :
- Le nombre de numéros spéciaux est important.
- Les auteurs asiatiques sont nombreux, supposant qu’ils sont intéressés par la mission de la société savante qui possède la revue (voir ci-dessus : aspects between the European chemical societies and their members).
- Le volume de publication ressemble à des revues qui dérivent, ce qui était le cas d’Oncotarget par exemple. Par exemple, en juin 2024, il y a eu 5 numéros (26 à 30) et 348 articles (estimation donc de plus de 4 000 articles par an). Je suppose que le rédacteur en chef contrôle bien le journal.
140 articles retirés de la littérature mais 1 852 dans le viseur
Il faudra beaucoup de temps au rédacteur en chef qui est aux abonnés absents pour examiner ces articles et prendre des décisions. Je résumé brièvement ce que détaille le site RW :
- Titre du billet du 22 août 2024 : Sleuths spur cleanup at journal with nearly 140 retractions and counting
- Les 140 rétractations ont été décidées en 2024, après des signalements de phrases torturées par GC et AM. Ce sont des expressions probablement générées par des intelligences artificielles, et ces articles sont probablement manipulés par des paper mills (rédaction, soumissions et peer-review). La plupart des revues ne voient pas… alors que le peer-review devrait signaler ces phrases.
- Un exemple de ces phrases est décrit dans le billet de RW : “3000 individuals kick the bucket” from road traffic accidents, rather than saying “people die,”….. “monetary misfortunes” instead of “financial damages” and “creating nations” in place of “developing countries.”
- Le rédacteur en chef dit s’occuper de la situation, ainsi que les correspondants intégrité de Springer.
- Mais actuellement, pour ce journal, il y a 1 852 articles avec problèmes (incluant les 140 retirés)… voici la liste ! Regardez les informations pour chaque article avec les sources de l’outil, les commentaires PubPeer et les noms des détectives dont nous connaissons la plupart.
La notice de rétractation type de ESPR
An investigation by the publisher found a number of articles, including this one, with a number of concerns, including but not limited to compromised peer review process, inappropriate or irrelevant references, containing nonstandard phrases or not being in scope of the journal.
Il est urgent d’utiliser l’IA pour détecter les articles frauduleux écrits avec l’IA !
La rédaction devrait réagir et publier une revue de meilleure qualité, en limitant le nombre d’articles annuels… mais ce n’est pas possible quand les auteurs payent !