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COVID-19 — 16 rétractations : de bonnes leçons pour l’entreprise recherche qui néglige l’intégrité et la conduite responsable

Points clés

Lancet retractedNous faisons tous des erreurs, moi le premier, parfois guidées par nos croyances. Dans le domaine littéraire, les éditeurs disent avoir reçu au moins le double de manuscrits que d'habitude, dont 90 % médiocres et 10 % ne correspondent pas toujours aux lignes éditoriales. En est-il de même en science ? Dans une tribune du Monde du 5 juin 2020, neuf médecins urgentistes dénoncent des méthodes en appelant à une recherche clinique de qualité. Je cite "A ce jour, sur plus de 15 000 études sur la COVID-19 "officiellement publiées" et indexées, seules 10 sont des essais répondant (potentiellement) à un standard de qualité". Nous ne pouvons qu'être d'accord. Eh oui, peut-être 10 articles apportent des données probantes de qualité !

Le tsunami des articles COVID-19 nous apporte de nombreuses leçons, et les jeunes générations peuvent nous aider. Au 8 juin 2020, d'après RetractionWatch, il y a 15 rétractations d'articles ou de préprints, 2 articles temporairement rétractés, et un article avec une expression de réserves qui attend une décision depuis plus de 2 mois (scandaleux) ! Une 16ème rétractation est annoncée. Une de ces rétractations a créé la panique (The Lancet). Certains ont découvert les rétractations d'articles (23 365 dans la littérature). Les rétractations sot plutôt le fait des hommes !

Rétracter un article, c'est reconnaître ses erreurs : cet acte vertueux doit être encouragé !

Les leçons de ces rétractations viendront avec le temps ; elles ne sont pas spécifiques de la COVID-19 ; tous les maillons de l'entreprise recherche sont impliqués. Citons quelques points relatifs aux revues :

  • montrer les données sources devrait être obligatoire (data sharing statement) pour tous les chercheurs ;
  • le peer review a de nombreux défauts mais nous n'avons pas de meilleur système ; le reviewer et le rédacteur partent d'un a priori de bonne foi des auteurs ; ils ne peuvent pas faire autrement : auditer un laboratoire ne leur est pas possible ; ils peuvent demander des informations sur les données sources mais ils se fient aux réponses des auteurs ; les institutions de recherche, les universités ont le pouvoir d'auditer des données sources ; mais beaucoup, comme l'Université d'Aix-Marseille, ne font pas auditer des données controversées dans les revues ;
  • le peer review devrait être ouvert comme le fait le BMJ ; c'est accepté par les jeunes chercheurs ;
  • les auteurs prennent des risques en signant des articles sans accès ou vérification aux données sources ; signer une déclaration sur l'intégrité des données devrait être généralisé ; l'affaire David Latchman nous l'a appris ;
  • nous aurons les réponses plus tard, et personne ne sait quelles preuves nous aurons ; personne ne sait si l'hydroxychloroquine a une activité, en dehors des croyants et autres politiques qui nuisent à la science ;
  • nous savions que beaucoup de revues font des erreurs ; certaines revues savent les corriger, dans des délais variables ; combien d'articles COVID-19 devraient être rétractés ? Largement plus de 100….

Les télévisions et réseaux sociaux ont demandé à la science des réponses immédiates qu'elle n'a pas ; les chercheurs sont sous pression et en compétition, comme les revues scientifiques. Dans Science, une bonne investigation sur les auteurs de l'article rétracté du Lancet.

PS : j'ai beaucoup ri en voyant des pseudo-experts traiter The lancet de tous les noms d'oiseaux, alors qu'auparavant quand ils parlaient, ils expliquaient avoir publié dans les meilleures revues comme Nature, Lancet, etc… Leurs supposées publications ne sont pas toutes traçables…

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7 commentaires

  • On aura compris que dans le cas présent, il est plus question de fraude que d’erreur !
    On aura aussi compris que paris les 10020 milliards de CA des labos chaque année, il y a une bonne redistribution qui fait que c’est l’omerta qui prime dans le milieu.

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  • On aura bien compris « inagun » que vous appartenez à la clique des complotistes, des aboyeurs maladifs obsédés par l’argent.
    Les auteurs de l’article du Lancet rétracté, comme la revue témoignent au contraire de leur respect du lecteur.
    Le bonjour chez vous et à votre secte. Un conseil, prenez vos gouttes et au lit…

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  • On trouve quelques miettes d’information additionnelles sur le parcours de Sapan Desai là : https://www.bionity.com/en/encyclopedia/Sapan_Desai.html
    Il convient de lire cela avec précaution comme y invite la lecture d’un récent article du Guardian : la formation et la vie professionnelle de S. Desai sont en train d’être passés à la moulinette ! Sa vie privée ne manquera pas de retenir l’attention des investigateurs vu les liens familiaux avec Patel.

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  • Le 10 juin Milton Packer réexaminait les défis posés au peer review par les derniers cas de rétractation : https://www.medpagetoday.com/blogs/revolutionandrevelation/86978
    Malicieusement (?) dans son avant-dernier paragraphe, l’auteur pointe vers le résumé d’un article de 2012 : « Controversial and outspoken, Raoult last year published a popular science book that flat-out declares that Darwin’s theory of evolution is wrong. And he was temporarily banned from publishing in a dozen leading microbiology journals in 2006. Scientists at Raoult’s lab say they wouldn’t want to work anywhere else. Yet Raoult is also known for his enmities and his disdain for those who disagree with him. »

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  • Alors que Libération a publié hier un interview de Richard Horton, Le Monde publie aujourd’hui une double page consacrée au Lancetgate. [une page 3/4 : un petit quart de page vient « équilibrer » les réprimandes en s’attachant aux gros « scores » de D. Raoult]
    J’y relève quelques anecdotes :
    *ceci de stupéfiant concernant Amit Patel : sur 100 publications citées sous son profil dans l’université de l’Utah, les …2/3 renvoient à des travaux signés par des homonymes ! [ c’est la faute à quelque petite main diront ceux qui ne veulent pas gâcher leur intelligence à des travaux d’intendance ?]. Le Monde pointe également des études cliniques vantant des traitement qui auraient été conclues trop tôt.
    * ceci qui ne laisse pas de m’intriguer que Le Monde, après d’autres, ne cherche pas à élucider les relations « par mariage » entre Patel et Desai. Ce qui m’entraine sur ce terrain que d’aucuns trouveront déplacé, c’est justement cette remarque sur l’usage abusif des homonymes…
    Le Monde fait très brièvement référence à l’interview de Richard Horton dans le New York Times du 16 juin . On se rapportera avec plus de profit à l’article lui-même, dont voici quelques extraits :
    « Dr. Horton called the paper retracted by his journal a “fabrication” and “a monumental fraud.” But peer review was never intended to detect outright deceit, he said, and anyone who thinks otherwise has “a fundamental misunderstanding of what peer review is…..If you have an author who deliberately tries to mislead, it’s surprisingly easy for them to do so,” he said »
    [n’est-ce pas botter en touche ? D’autant que le caractère frauduleux n’est pas aussi caractérisé que cela : on pourrait y voir un enchaînement de négligences cf fin article du Monde]
    L’interviewer, Roni Caryn Rabin, développe :
    « The reputation of these journals rests in large part on vigorous peer review. But the process is opaque and fallible: Journals generally do not disclose who reviewed a study, what they found, how long it took or even when a manuscript was submitted. Dr. Horton and Dr. Rubin declined to provide those details regarding the retracted studies, as well. »
    [Je ne comprends pas cette fixation : si cela peut être accepté a priori, qu’est-ce qui retient Horton de publier ces informations -le nom des reviewers exceptés- a posteriori quand un grave problème arrive ; ne parle-t-il pas lui-même de fraude monumentale ?!!!!]
    https://www.nytimes.com/2020/06/14/health/virus-journals.html
    L’intérêt principal de l’article du Monde,à mon sens, relève de la réflexion finale, une interrogation sur la réalité ou la fabrication de la base de donnée de Surgisphère. Rien de certain, et rien de dramatique : du tristement banal peut-être.
    L’article n’est pas assez incisif quand il interroge le processus de décision ayant entrainé l’interdiction de l’usage de la HC. Il ne dit d’ailleurs rien de ce qui se passa à l’OMS. Si les rétractations d’article ont eu tant d’audience planétaire, c’est bien parceque c’est sur la base de ces articles ultérieurement retractés qu’avaient été très rapidement prises les décisions française et OMS…d’interdire l’usage de l’HC.
    Plus que les retractations, c’est la rapidité des interdictions qui est à questionner. Mais, Dixit LeMonde : « Le président du HCSP, Franck Chauvin, ne souhaite pas commenter, rappelant que « la publication du Lancet n’était qu’une des études prises en comptes » [on aurait bien aimé que les journalistes du Monde lui fassent dire quelles étaient ces autres études]
    Je me permets de piocher encore dans une interview de Dominique Costagliola. A propos de l’article du Lancet, elle a ce mot sévère : « Ne pas tenir tenir compte de ce paramètre est une FAUTE DE BASE [majuscules miennes] dans ce type d’étude, et je ne comprends pas que les reviewers [relecteurs de l’article] n’aient pas demandé aux auteurs une analyse stratifiée, qui se fait très facilement. » https://medecine.sorbonne-universite.fr/dominique-costagliola-malmener-la-science/

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  • le Monde daté du mercredi 24 juin comportait page 29 un entretien de Paul Benkimoun avec Richard Horton.
    R. Horton qualifie ce qui a conduit à la rétractation en question de « fraude monumentale »…alors même qu’une enquête dit-il est en cours au Brigham and Women’s Hospital (de Boston,dont dépend M. Mehra) et bien que personne ne connaisse actuellement le statut exact des données supposée établir l’étude.
    P. Benkimoun indique que cette affaire rappelle la rétractation par le Lancet en …2006 d’un article de Jon Sudbo ( qui avait tout simplement…inventé des données).
    Horton en profite pour annoncer que « Nous allons désormais demander aux auteurs de signer une déclaration qui dis explicitement qu’ils ont eu accès aux données et qu’ils les ont effectivement vues »
    2006…2020 : 14 ans !?
    Critiquant plus généralement l’action du gouvernement britannique, Horton lance une pierre dans le jardin français : « où étaient les voix de l’Institut Pasteur pour pousser le gouvernement à se préparer à une pandémie dès février ? »

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  • Bonsoir,
    Votre billet signalait un bon article de Charles Piller dans Science du 8 juin. Avec Kelly Servick celui-ci avait publié, toujours dans Science, un précédent article sur l’affaire (le 4 juin). On y trouvait cette curiosité à propos de la rétractation de l’article du NEJM : « NEJM published only a short statement from the paper’s authors, which included Mehra, Patel, and Desai, as well as SreyRam Kuy of Baylor College of Medicine and Timothy Henry of Christ Hospital in Cincinnati….By including Desai, the note perplexingly suggests he has no access to the raw data generated by his own company. »
    [Big Data is watching you ?]
    Leigh Turner, bio-éthicien à l’Université du Minesotta y déplorait que ni le Lancet ni le NEJM ne se fendent d’une réflexion sur leur propre responsabilité laissant les seuls auteurs s’exprimer à ce sujet.
    Avec John Travis, Charles Piller reprend le reproche de Turner dans un article du 12 juin ( toujours dans Science)
    On y trouvait aussi ceci : « The retracted NEJM paper “had external peer review and statistical review, as well as scientific and manuscript editing,” an NEJM spokesperson says. The Lancet did not comment on its review process. Neither journal notes submission or acceptance dates for papers, but a spokesperson for Mehra says reviews for each paper took about 1 month. »
    Donc à la date du 12 juin : « The Lancet did not comment on its review process ». Rien dans l’article du Monde daté du 24 juin ne signale que cela ait évolué !????
    M. Benkimoun , curieusement, n’a pas interrogé Horton à ce sujet.

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