- Suis-je le seul à être tombé dans le piège ! Je croyais que le Collectif Laissons Les Médecins Prescrire avait publié une étude clinique dans une revue scientifique. C’était une blague. Ce premier canular du Collectif Laissons les Médecins Prescrire avait pour objectif de faire croire que l’hydroxychloroquine était efficace dans la COVID-19. Ils avaient monté une étude farfelue.
- Cela a donné des idées au Collectif Laissons les Vendeurs de Trotinette Prescrire qui ont soumis une autre étude farfelue à la même revue asiatique, Asian Journal of Medicine and Health. Comme la première étude, leur manuscrit a été vite accepté, en faisant croire qu’une évaluation par les pairs avait été faite.
Ce deuxième canular a été très médiatisé, par les journaux quotidiens, et par les radios et télévisions. Allez lire l’histoire complète sur le blog de Michaël, billet du 15 août 2020. Vous pourrez téléchargez l’article en anglais et en français. Comme pour le premier article, vous allez rire… L’analyse de S Huet sur son blog est pleine de bon sens, et je recommande sa lecture, avec une auto-critique sur les journalistes : « Cette revue est connue comme prédatrice. Donc, tous les journalistes qui ont donné la parole aux auteurs de l’étude favorable à l’hydroxychloroquine auraient dû avoir comme premier réflexe de considérer que le risque qu’il s’agisse d’une mauvaise science frôle les 100 %. Et donc, soit n’en pas parler (meilleure solution), soit en dire le plus grand mal. » D »autres analyses sur RetractionWatch, sur le blog d’E Bik, Science Integrity Digest, sur Egora, etc…
Ces deux collectifs ont montré que les revues prédatrices n’avaient pour seul objectif que l’argent : les auteurs ont payé pour être rapidement mis en ligne. L’évaluation par les pairs a été un simulacre d’évaluation. J’ai écrit aux rédacteurs et relecteurs du premier article et ils n’ont pas répondu malgré une relance (ces rédacteurs et relecteurs ont été piégés par la revue qui a usurpé leurs noms).
Cette revue AJMH a trompé les équipes des joyeux drilles du Collectif Laissons les Médecins Prescrire et du Collectif Laissons les Vendeurs de Trotinette Prescrire.
J’ai examiné longuement la revue AJMH Asian Journal of Medicine and Health. C’est une revue prédatrice, et j’ai publié une centaine de billets sur les escroqueries des revues prédatrices. Ils expliquent qu’ils n’ont aucun lien avec des sociétés savantes, et l’éditeur est basé en Inde (Guest House Road, Street no – 1/6, Hooghly, West Bengal, India). Les frais de traitements de l’article sont de 500 $, mais la réduction de 89 % est automatique !
Ce genre de canular est excellent, mais il faut savoir le terminer. J’ai suggéré au Collectif Laissons les Médecins Prescrire de demander à la revue de retirer leur article et ils ne l’ont pas fait, contrairement au Collectif Laissons les Vendeurs de Trotinette Prescrire dont l’article a été retiré.
Je félicite ces deux groupes pour leurs canulars, mais j’attends que le Collectif Laissons les Médecins Prescrire ait réellement une conduite vertueuse en demandant à la revue AJMH de retirer leur article.
Ces canulars rappellent celui de G Pérec avec : ‘Mise en évidence expérimentale d’une organisation tomatotopique chez la sprano (Catantrix sopranica L.)‘
Mise à jour à 14 h 25 le 31/08/20
6 commentaires
Rassurez-moi : vous n’êtes pas en train d’affirmer que le collectif Laissons les médecins prescrire a voulu faire un canular en publiant dans cette revue ? C’est du second degré, n’est-ce pas ?
J’apprécie beaucoup vos informations, mais votre humour est un peu difficile à suivre, car réservé aux initiés.
En matière de réfutation de fausses nouvelles et de rumeurs complotistes, il me semble qu’il vaut mieux éviter le second degré, surtout de la part d’une source que je considère comme primaire et experte, telle que votre site.
Les diffuseurs de fausses nouvelles utilisant eux-mêmes l’ironie, on aboutit vite à du second degré sur du second degré sur du second degré, et personne n’y comprend plus rien.
Je plussoies, moi-même qui aime pourtant bien l’ironie et la satire je ne pense pas qu’un site sérieux comme celui de Maisonneuve puisse se permettre de laisser planer le doute, même s’il me parait assez évident qu’il se fout de la gueule des premiers auteurs.
Merci pour vos remarques.
L’article du collectif Laissons les Médecins Prescrire a été refusé par plusieurs revues, ce qui paraît normal car il ne peut pas passer une évaluation par des pairs. Cet article est mauvais et n’apporte aucune donnée probante. Je rappelle l’avis de l’iPLesp qui ne peut être qualifié de mauvaise structure et qui confirme que cet article est mauvais :
« La direction de l’IPLESP ainsi que ses tutelles (Inserm, Sorbonne Université) et l’AP-HP réfutent la méthodologie et les conclusions du manuscrit intitulé « Azithromycin and Hydroxychloroquine accelerate recovery of outpatients with mild/moderate COVID-19 » publié dans Asian Journal of Medicine and Health et dont un des co-auteurs est affilié au centre de recherche. Cet article publié dans une revue prédatrice ne permet pas de conclure que l’azithromycine administrée seule ou avec de l’hydroxychloroquine ait un quelconque impact favorable sur l’évolution de la maladie COVID-19. Enfin, le statut réglementaire de l’étude tel que décrit dans le papier pose question et mériterait d’être précisé. » voir https://www.iplesp.upmc.fr/
Il n’est pas habituel qu’une tutelle soit si claire !
Devant les refus, je pense, mais il faudrait avoir la confirmation des auteurs, qu’ils ont voulu le publier dans une revue prédatrice pour éviter une évaluation par les pairs. Cela a marché avec AJMH qui est une revue prédatrice. Ne pouvant retenir une quelconque qualité méthodologique à ce travail, j’ai supposé qu’il s’agisait d’un canular car les auteurs sont respectables.
Ils ont le droit de piéger une revue prédatrice comme l’a fait le Collectif Trotinette. Seuls les auteurs peuvent confirmer le canular.
Il faut effectivement être très clair et médiatiser au maximum la publication de ce dernier article car il prouve la supercherie.
(en même temps avec Didier lembrouille et Sylvano trottinetta dans les auteurs, on peut se douter qu’il s’agit bien d’un canular…
Sur le coup je vous trouve bien naïf pour croire que les auteurs ont voulu faire un canular, car pour cela il aurait fallu qu’ils aient un minimum d’humour, or ils sont très loin du niveau atteint par les deuxièmes auteurs du véritable canular à trottinettes !
Parfois le plus simple est ce qui est le plus réaliste, en l’occurrence le plus simple est de penser qu’ils ont bien voulu contourner le processus de revue par les pairs afin de publier leur torchon.
Je remercie Pierre Lévy, l’un des auteurs du Collectif Laissons les Médecins Prescrire, pour m’avoir autorisé à publier le commentaire qu’il m’a adressé le 14 septembre 2020 par email (15 h 26).
Voici :
Bonjour,
je viens de lire vos commentaires sur l’article concernant l’effet de l’azithromycine et de l’hydroxychloroquine sur la COVID-19, premier auteur Violaine Guérin, deuxième auteur moi-même.
Je vous conseille de lire attentivement cet article car vous avez le background pour le comprendre. Cet article montre essentiellement que l’azithromycine accelérerait la guérison et il n’y a pas de différence statistiquement significative entre azi et azi + hydoxychloroquine.
Donc cet article ne défend nullement l’hydoxychloroquine et l’analyse statistique n’est nullement « farfelue ».
Comme toute étude scientifique, il a ses forces et faiblesses considérées sans complaisance par une revue faite par une chercheuse espagnole: cette revue concerne l’efficacité de l’azithromycine.
Seules des études randomisées en double aveugle permettront de trancher et c’est bien ce que nous disons dans l’article.
Cordialement
Pierre Lévy