Il est heureux de voir que des revues françaises défendent la diffusion des savoirs, en particulier dans notre langue. BRAVO, mais les relecteurs auraient pu être plus attentifs. Il y a un éditorial et trois ‘research articles’.
L’éditorial du rédacteur en chef, JN Fiessinger, a pour titre ‘Revues scientifique, revues de formation’. Il pose bien la problématique et les ambiguïtés des publications en langue française. Oublions le facteur d’impact du Bulletin de l’académie pour valoriser les téléchargements sur ScienceDirect passés de 5000 en 2019 à 70 000 en 2021… espérons un million en 2023 sur cette lancée !
P Brissot propose un bon article ‘Pourquoi et comment publier dans le domaine médico scientifique ?‘. C’est une bonne expérience avec des commentaires, et c’est bien de reprendre quelques réflexions d’un rapport (2017) de la Cour des comptes décrivant les dérives honteuses du système SIGAPS. Ce rapport n’a servi à rien ! Pour le choix de la revue, les ‘Journal selectors’ peuvent aider et j’ai des expériences diverses, plutôt positives. Ils ne sont pas mentionnés dans l’article.
J Belghiti donne un bon aperçu du ‘Danger des revues prédatrices’. Le mot danger est utilisé à juste titre… mais c’est plus qu’un danger, c’est un naufrage du à l’immaturité de notre communauté scientifique. Quand nous comprendrons le danger des revues prédatrices, il aura disparu, remplacé par les revues de faible qualité décrites par l’IAP (InterAcademy Partnership) : voir ci-dessous.
A Fisher propose un bon article intitulé ‘Evaluation de la recherche et publications scientifiques : quantité ou qualité ?’. Le titre aurait dû être plus informatif et se terminer par : Choisissons la qualité plutôt que la quantité. C’est d’ailleurs ce que dit clairement l’auteur, avec de bons arguments. Plutôt que le Hcéres, ce seront les jeunes chercheurs qui, en adoptant la Science ouverte, feront bouger un système immobile. Dans le programme du MESR sur la Science ouverte, la proposition est d’évaluer les productions scientifiques, et non pas uniquement les articles.
Ces quatre articles sont bienvenus, intéressants, bien écrits mais les relecteurs ont été complaisants en oubliant de faire remarquer quelques points :
- DORA est très bien en proposant de ne plus utiliser le facteur d’impact comme un indicateur de qualité, mais DORA (fin 2012) n’a fait que reprendre partiellement le rapport de janvier 2011 de l’Académie des sciences. DORA OUI, mais n’oublions pas l’Académie des sciences qui a publié des recommandations deux ans avant DORA..
- Les objectifs pour la science ouverte du MESR commencent à dire que l’évaluation des chercheurs devraient être basées sur des productions scientifiques et pas uniquement des articles ; déjà SIAPS est une bonne initiative ; chaque auteur des ces trois articles de recherche aurait dû avoir un co-auteur de moins de 35 ans… pour expliquer que la vision des jeunes chercheurs est un peu différente, et pour expliquer la Science ouverte ;
- Le système SIGAPS est un système mafieux : l’Académie ne peut pas utiliser ce terme de mafieux, mais pourrait aller plus loin et dire si elle suit la Cour des comptes ; les dérives de ce système orientent les crédits sur quelques grands CHU et éliminent lentement les établissements non universitaires ; c’est sous-entendu dans les articles du Bulletin, mais une position plus explicite serait utile ;
- Le réseau IAP (InterAcademy Partnership) de 149 Académies a fait depuis 2020 un travail remarquable pour montrer que l’entreprise-savante se vend à quelques éditeurs mercantiles et que le problème des revues prédatrices évolue vite ; les listes positives ou négatives de revues légitimes ou prédatrices sont inutiles d’après l’IAP. Le travail de l’IAP, publié en avril 2022, a duré plus de 2 ans, avec des enquêtes. Qu’en pense l’Académie nationale de médecine ?
Un commentaire
On peut toutefois s’interroger sur la gratuité, absente pour la plupart des articles de ces bulletins de l’Académie de Médecine. Publiés par Elsevier, $24.95 / $32.95 par article…