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Chez Servier, on l’appelait le Merdiator… depuis le scandale, ils ont changé la moquette de l’Agence

Points clés

Quel livre très bien documenté et précis. Ce n’est pas un livre sur le Merdiator, bien que ce thème soit largement évoqué. C’est un livre sur les dysfonctionnements majeurs des prises (on non prises) de jouan merdiatordécisions par nos autorités, principalement l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament). Le titre de ce billet reprend deux phrase du livre : page 249, une ancienne visiteuse médicale de Servier (on l’appelait le Merdiator), et page 280, une remarque d’un ancien salarié de l’ANSM, reprise dans Le Figaro (Depuis le scandale, ils ont changé la moquette de l’Agence et son nom, mais, à part ça, rien n’a bougé). Ce livre est écrit à deux mains par Anne Jouan (journaliste indépendante qui a travaillé 20 ans au Figaro), et Christian Riché (pharmacologue de Brest qui a été président de la commission de pharmacovigilance de l’ANSM). C Riché se dévoile dans ce livre, mais il a été l’un des informateurs d’Anne Jouan pendant 11 ans. Le livre contient aussi les témoignages anonymes de 5 informateurs qui ont travaillé ou travaillent encore à l’ANSM.

Je n’avais pas prévu de lire ce livre aussi vite, mais il n’est pas comme les livres qui règlent des comptes ou présentent des opinions peu étayées. C’est un livre factuel confirmant l’existence d’un monde du médicament aussi trouble qu’il peut parfois être respectable. Si le Merdiator tient une grande place, en fait, c’est au quotidien que l’Agence dysfonctionne totalement, sous la coupe d’industriels sans limites, et de politiques complices. Il y a tout dans ce livre :

  • Les bassesses des fonctionnaires et experts, ces derniers étant parfois grassement entretenus par les industries ; les fonctionnaires actuels de l’Agence n’ont pas les compétences requises pour les décisions ;
  • Les influences sans limites de certaines industries, ici Servier principalement ;
  • L’influence de la bande à G Kouchner dont la plupart sont toujours influents ;
  • L’absence de décision des commissions qui ont tous les arguments pour interdire ou mettre en garde ;
  • L’antibiothérapie, les vaccins, l’homéopathie ne sont pas épargnés ;
  • Le comportement froid et accusateur sans preuve des inspecteurs de l’IGAS (Aquilino Morelle, Anne Carole Bensadon,..) dont l’objectif principal est de se protéger et de protéger leurs amis :

Ayant croisé la plupart des personnes citées, sauf les deux auteurs, je ne suis en rien étonné des témoignages…   certains experts comme Jean-Roger Claude et sa femme ont magouillé à l’extrême. Je confirme de nombreuses affirmations pour lesquelles j’avais des doutes. La remise d’argent liquide existe probablement encore de nos jours ; la mise à disposition de prostituées ne doit plus se faire, je ne sais pas. Pour faire tout cela, il faut des complicités du politique (poussé par les associations de patients non mentionnées dans ce livre), des agents du Ministère et de l’Agence, et des experts. Le malade ne compte pour rien dans ces jeux.

Des situations que je n’imaginais pas en France sont décrites, dont celles de menaces. Cela me rappelle les témoignages de lanceurs d’alerte américains signalant des problèmes médicamenteux….  D’autres pages reviennent sur des situations anciennes vécues par les auteurs (par exemple, prélèvement d’organes de prisonniers en Chine, qui existent encore).

Est-ce que l’Agence du médicament française est la seule à ce niveau de compromissions, de soumissions aux politiques et industriels ? Non, car les témoignages de salariés et d’anciens salariés de la FDA aux USA décrivent des situations similaires. Est-ce que d’autres Agences françaises sont à ce niveau d’incompétence ? Je pense à la HAS, mais je n’ai pas de preuves. J’ai croisé d’autres Agences dans ma carrière, et je ne sais pas répondre.

DES BRAVOS aux auteurs qui ont mon soutien, en tant qu’étant moi-même menacé par le druide des calanques….   D’ailleurs, à propos de la COVID-19, ce livre est réaliste : l’Agence pouvait faire mais n’a rien fait pour demander de voir les dossiers du premier essai faisant croire à l’efficacité de l’hydroxychloroquine dans la COVID-19….  L’Agence n’a pas protégé les patients…  mais est-ce encore son objectif ?

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5 commentaires

  • Attention à ne pas faire du Médiator l’arbre qui masque la forêt. On croit couramment qu’il s’agit d’un scandale exceptionnel, alors l’impéritie des autorités sanitaires en matière de pharmacopée est une constante depuis des décennies.
    On peut certes déplorer l’ahurissante incompétence des décideurs, le laxisme et la désinvolture de nombreux experts, mais le phénomène le plus préoccupant n’est pas la malhonnêteté voire la franche collusion (que j’ai la faiblesse de penser rarissimes) : c’est le puissant biais cognitif dont sont inconsciemment victimes les médecins et pharmaciens, totalement sous l’emprise d’une industrie dont ils ne perçoivent ni la propagande ni les sidérantes impropriétés méthodologiques.
    L’éducation et la formation des professionnels dans ce domaine sont très, très insuffisantes.

    Répondre
  • Bonjour,

    merci pour ce commentaire car la forêt est immense. Le business des examens complémentaires et des prescriptions médicamenteuses est important. Commençons par les antidépresseurs car deux articles récents interpellent. Ils ont été commentés dans la revue du Praticien https://www.larevuedupraticien.fr/article/depression-un-vent-de-changement-sur-les-antidepresseurs
    L’éducation des professionnels n’est plus le monopole des Universités (s’il l’a été un jour). Une polémique récente en France a opposé la faculté de Nancy à La Tronche en biais sur l’enseignement de l’homéopathie qui est encore présent. https://www.youtube.com/watch?v=tSyBWtdJCLk
    Cordialement

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  • Bonjour
    J’aime bien le biais cognitif inconscient …
    Je pense qu’il s’agit plutôt d’une référence aux expériences de Asch ou de Milgram…
    Besoin d’appartenir au groupe, volonté de se soumettre à une autorité pour justifier de l’action ou de l’inaction.
    En ce sens, la sous déclaration des effets secondaires des médicaments en est une illustration parmi tant d’autres.
    L’absence de la culture du regard critique depuis notre plus tendre enfance et jusque dans nos études universitaires voire au-delà continue de faire le lit des druides et des charlatans.
    Merci pour les billets et les commentaires

    Répondre
  • Un des problèmes majeurs est actuellement le pression insensée sur les prétendues « innovations », notamment en cancérologie qui , dans des essais cliniques hyper-construits, montre des gains de survie de 2 ou 3 mois. Elles sont proposées aux agences et organismes d’AMM comme des progrès majeurs mais à des prix astronomiques et avec des effets indésirables souvent très importants. Voir les annonces fracassantes lors des congrès de l’ASCO et l’envolée des actions des labos dès le lendemain !

    Compte tenu du rendement fabuleux pour les industriels des ces « innovations » tout est bon: lobbying, « achat » d’opinions de leaders, promotion indirecte par des associations de patients grassement subventionnée mais surtout manipulés, pression sur les organes d’évaluation et les politiques.

    Répondre
    • Bonjour

      bien d’accord… Est-ce que gagner quelques semaines de soins palliatifs est ce que veulent les patients ? Et à quel prix.. ?
      Le 13 février 2023, JAMA Internal Medicine a publié un article intitulé Assessment of FDA-Approved Drugs Not Recommended for Use or Reimbursement in Other Countries, 2017-2020 https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2801020

      Voici les points essentiels…

      Question Why have new drugs approved in the US not been approved or recommended for reimbursement in other countries, and how costly are these drugs?

      Findings In this cross-sectional study of all 206 new US drug approvals in 2017 through 2020, 47 drugs were refused marketing authorization or not recommended for reimbursement in other countries due to unfavorable benefit-to-risk profiles, uncertain clinical benefit, or unacceptably high price. The median US cost for these drugs was $115 281 per patient per year.

      Meaning The US may benefit from review of regulatory decisions and health technology assessments of new drugs in other countries to improve access to safe and effective treatments of sufficient value.

      Répondre

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