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La complicité des Sociétés savantes qui aiment les revues de faible qualité

Points clés

Le marché des revues scientifiques a toujours observé des transferts de revues entre les éditeurs. Si dans le passé, ces transferts étaient entre les grands éditeurs (Springer, Elsevier, Wiley, SAGE, Taylor & Francis, etc….), il semblent que les éditeurs de faible qualité attirent les Sociétés savantes naïves (il en existe !).

Voici des billets récents de ce blog : L’entreprise savante vendue aux revues mercantiles de faible qualité : normal iap englishpour certains collègues ; Le réseau des Académies (IAP) lutte contre les revues prédatrices : sont-ils seuls ? Ce rapport de IAP a mis en évidence la disparition des revues dites prédatrices pour devenir des revues de faible qualité avec facteur d’impact (facile à obtenir) ; Il faut alerter sur la crise de la gestion des savoirs : les Académies réagissent, que font les Sociétés savantes ?

Une revue (et surtout son titre) appartient soit à un éditeur (Lancet pour Elsevier par exemple), soit à une société savante qui contracte avec un éditeur pour certaines prestations. Dans ce cas, la Société savante choisit son éditeur, avec la possibilité de mettre en concurrence des éditeurs.

Il semble que des éditeurs de revues de faible qualité (avec ou sans facteur d’impact) arrivent à séduire des Sociétés savantes pour gérer leurs revues. Les Sociétés savantes regardent cette concurrence et certaines hésitent entre

  • un éditeur légitime qui fait du peer review en 2 ou 3 mois (temps normal pour de la qualité) et qui accepte et publie sous plus ou moins 6 moins, avec des tarifs d’APC (Article Processing Charge) si les chercheurs choisissent le libre accès ;
  • et un éditeur de faible qualité qui publie des revues faisant un peer review en 2 semaines ou moins (des reviewers fantômes travaillent un peu) et publie en plus ou moins un mois avec des tarifs d’APC un peu inférieurs.

La gouvernance naïve d’une société savante peut basculer et aimer la publication rapide un peu moins chère… mais la qualité n’est plus au rendez-vous. Regardez ces listes de revues qui ont changé d’éditeur : des revues parties chez MDPI ; des revues parties chez Frontiers, ou créés avec des Sociétés savantes dans Frontiers Publishing Partnerships ; il doit en exister d’autres. Tout est possible ! MDPI aurait une plateforme pour les low cost avec le système de management JAMS. La publicité de MDPI pour draguer les Sociétés savantes est ici (MDPI liste 184 sociétés savantes !! Impressionnant). La Société savante européenne des hernies se vante d’avoir un accord pour sa revue (Journal of Abdominal Wall Surgery) ! Le business des numéros spéciaux est parti pour cette revue qui cherche les articles.

Les éditeurs historiques auront du mal à lutter contre ces pratiques, d’autant plus que des chercheurs académiques sont complices de ces mouvements ! Faire des numéros spéciaux vendus en quelques semaines n’est pas un modèle convaincant, car il s’agit de publier vite ce qui a été refusé ailleurs.

J’ai découvert cela en vérifiant une revue ciblée par un chercheur lors d’une formation (sur 3 revues, il avait sélectionné une revue légitime, une prédatrice, et une de faible qualité), et je me suis fait aider par une documentaliste que je remercie.

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4 commentaires

  • J’ai une question: Concrètement, pourquoi ce délai de 2 ou 3 mois est gage de qualité (en 2022) ?
    (En soi, le délai peut être lié à pleins de choses neutres, nb de personnes qui travaillent..)

    Répondre
  • Bonjour,

    relire demande du temps et de la réflexion. Je fais une première lecture dans la semaine de l’acceptation d’être relecteur, puis je reviens plusieurs fois sur le manuscrit. Relire en une semaine n’est possible que pour ceux qui n’ont rien à faire, qui relisent mal, ou qui sont payés (PhD en Chine ?).

    Les revues de sociétés savantes n’ont pas les moyens d’avoir des équipes temps plein de rédacteurs gérant les articles, comme le font quelques revues prestigieuses. Les positions de rédacteur en chef, de relecteurs sont bénévoles.

    Cdlmt

    Répondre
  • oui, il faut du temps pour faire une revue consciencieuse et, même ainsi, on voit des articles publiés dans de bonnes revues qui contiennent des erreurs ou imprécisions montrant que le referee a carrément raté quelque chose (figures aux légendes inversées, références inexactes, dont il est impossible de retrouver l’article correspondant ou au contraire des références qui auraient dû être délétées mais qui se retrouvent dans la bibliographie comme des cheveux dans la soupe, ou qui laissent passer des imprécisions permettant aux auteurs de biaiser leurs conclusions sans pour autant mentir.
    Il y a aussi les referees, que j’espère débutants, qui acceptent à tort d’examiner un article et étalent leur incompétence de la question. Ce serait rigolo, si ça ne conduisait pas au rejet de l’article (heureusement, il y a des systèmes d’appel).

    Répondre

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