Cette semaine, les 5 billets sont consacrés au surdiagnostic. Commençons par un livre didactique qui n’a pas vieilli et que je viens de relire. Publié en 2011 aux USA et traduit en 2012 par les Presses de l’Université Laval. Son titre : ‘Le surdiagnostic. Rendre les gens malades par la poursuite de la santé‘. Il n’est plus disponible en français, trouvez une occasion. La version anglaise ‘Overdiagnosed‘ est disponible. L’auteur est américain, et les exemples viennent d’un système de santé où business et soins sont parfois confondus. Mais il y a beaucoup de sagesse, avec des descriptions plaisantes à lire. Beaucoup d’exemples s’appliquent à notre système. Pour l’hypertension, le chapitre est historique en montrant comment les concepts ont évolué depuis le début du 20ème siècle. Tout est bien expliqué : la nécessité des essais randomisés, et la vision de ces très grands essais qui mettent en évidence un essai minime. Le concept de nombre de malades à traiter est bien décrit. Dans la plupart des chapitres, les auteurs évoquent les changements des définitions du ‘normal’ au cours du temps : nous transformons en patients de plus en plus de bien portants.
Page 224 : La vérité élargie est que la création de nouveaux patients et la confection de nouveaux diagnostics profitent à l’ensemble du complexe médico-industriel, comprenant l’industrie pharmaceutique mais aussi les manufacturiers de dispositifs, les fabricants d’appareils diagnostiques, les laboratoires médicaux, les centres de chirurgie, les hôpitaux et même les centres hospitaliers universitaires.
Il y a 12 chapitres dont les titres sont informatifs, et vous devinez le contenu d’après les titres :
- La genèse – Des gens deviennent des patients souffrant d’hypertension
- On change les règles – Comment les nombres sont changés pour donner plus de diabète, plus de cholestérol élevé et plus d’ostéoporose
- On peut en trouver encore plus – Comment les scanners trouvent plus de pierres au foie, plus de lésions des cartilages du genou, des disques qui font saillie, des anévrismes de l’aorte abdominale et des caillots sanguins
- On cherche plus ardemment le cancer de la prostate – Comment le dépistage a montré que le surdiagnostic existe pour le cancer
- On cherche plus ardemment d’autres cancers – Il est tentant de penser que le cancer de la prostate est un cas spécial, le seul cancer pour lequel le surdiagnostic soit pertinent
- On recherche plus ardemment le cancer du sein
- On trébuche sur des fortuitomes qui pourraient être des cancers
- On cherche encore plus ardemment tout ce qui reste – Comment le dépistage peut vous donner (et à votre bébé) un autre ensemble de problèmes
- On confond ADN avec maladie – Comment le dépistage génétique peut donner presque n’importe quelle maladie
- Obtenir les faits
- Comprendre le système
- Etablir le portrait d’ensemble
L’auteur a de l’humour et sa préface décrivant l’entretien de sa voiture au cours du temps s’applique à mon cas personnel : le moteur du rétroviseur gauche de ma Captur ne marche pas toujours bien et parfois le rétroviseur reste collé vers la vitre… devis 340 euros… mais en accord avec le garagiste, le moteur a été mis au repos et tout marche bien, sauf que quand je veux bouger mon rétroviseur, je dois le faire à la main… coût 0 euro. L’auteur du livre a décrit une situation identique et comparé l’entretien de sa voiture aux demandes de ses patients…..
Félicitons en France, le petit groupe d’experts qui ont organisé des colloques sur ce thème.. et la pandémie les amis en sommeil… Mais tout devrait repartir. Le thème de la surmédicalisation des surdiagnostics et des surtraitements n’est pas très populaire ! Etonnant, NON !
Cinq billets sur la surmédicalisation cette semaine : 31 mai Surdiagnostic, 1 juin Children of the cure, 2 juin Génération zombie, 3 juin, Maladie de Lyme, et 4 juin Remèdes mortels et crime organisé.
Un commentaire
Je suis entièrement d’accord avec ces propos.
Tension diabete 2,j’en ai fait les frais,tenir tête aux cardiologues au sujet des statines de premiere intention.